par Jérôme Klein
Spécialiste Japon certifié par le JNTO
Dès la reprise et l’ouverture des frontières aux touristes canadiens, Espace sélect vous proposera à nouveau ses séjours au Japon. En attendant, partons ensemble à la découverte des jardins zen au Japon.
Je vous emmène derrière les murs d’un monastère, à l’abri des regards où ils se cachent. Déjà, en temps habituel, c’est un endroit que j’aime beaucoup, où on oublie vite le tumulte de nos sociétés et notre monde un peu fou. On y trouve refuge pour se calmer.
Aujourd’hui, c’est une visite particulière car mon guide privé francophone, Sato-san, nous accompagne. Haute comme trois pommes et pleine d’énergie, Sato-san porte un cartable rempli de cartes qu’elle souhaite partager. Cela m’intrigue. Nous aurons aussi le privilège d’échanger avec un des moines du monastère, Maida-shōdō. Avec 60 autres moines, Il y vit avec sa famille depuis 50 ans et se consacre à l’entretien des temples, à la méditation et aux jardins.
C’est proche de Kyoto, berceau du bouddhisme au Japon, que le monastère Daitoku Ji a été fondé au XIVe siècle par un moine adepte du courant zen rinzaï. Ce courant prône la pratique de la méditation pour atteindre l’éveil, l’unité avec le tout. Je vous en dirai un peu plus sur ce courant bientôt. Il fallut plus de trois siècles pour achever la construction du monastère de Daitoku Ji. Ses temples et jardins ont chacun gardé leur autonomie et leur originalité, différentes selon l’époque où il furent construit et selon la personnalité de chacun des moines-architectes. C’est aujourd’hui un vaste ensemble ouvert au public rassemblant 23 temples dont certains peuvent se visiter. Les temples sont des lieux de prières tandis que les jardins sont consacrés à la méditation. Je rencontre Sato-san devant l’une des trois portes monumentales donnant accès au monastère par une large allée piétonne. Certains jardins zen sont nus et austères, composés uniquement de pierres. D’autres sont davantage influencés par la cérémonie du thé et sont très verts avec une esthétique complètement différente. Dans le jardin japonais tout est épure, silence et symbole. Lanternes de pierre, bassins, rochers, gravier blanc et mousse sont minutieusement disposés, dessinés. Suggestions de paysage ou d’abstraction, les jardins zen du monastère de Daitoku Ji sont parmi les plus emblématiques d’entre eux. Ils s’inscrivent dans une conception philosophique et spirituelle en lien étroit avec la nature.
« Le Jardin sec », les Jardins de pierre.
Par leur symbolisme, les jardins secs se conforment à la philosophie abstraite du courant zen: monochromie, simplicité végétale et minérale. Les pierres installées ici à la verticale depuis un demi siècle sont des objets de contemplation suffisamment abstraits pour laisser libre cours à l’imaginaire.
Mon guide me livre son interprétation: « Le jardin zen cherche à éveiller la sensibilité tout au long de l’année. Les arbres qui le composent garantissent donc un paysage qui reste vertà chaque saison. Par exemple, comme les feuilles d’érable tombent l’hiver, on évite d’en planter. »
Sato-san poursuit « en entrant dans un jardin on peut trouver une cascade de pierres traduisant l’effervescence de la jeunesse. De l’eau coule entre les pierres qui mènent à cette mer intérieure représentée par ce tapis de gravier blanc parfaitement ratissé. Au début, nous avons beaucoup de pierres. Petit à petit, comme dans la vraie vie, on se désiste du superflu, de ce fardeau. Nous nous libérons de l’inutile. Mais il reste encore quelques pierres et cela n’est pas parfait. Il faut être en paix avec soi-même pour ne plus voir de cailloux. Dans la philosophie zen, la paix intérieur, c’est le néant ou le vide. Arrivé à ce stade, il n’y a plus rien. Cet éveil de l’esprit est représenté dans le jardin par le vide, les gravier blanc sans aucun décorum »
Sato-san ajoute: « les pierres utilisées dans le jardin japonais viennent souvent des fleuves. Au fil du temps, elles sont lissées par les courants de l’eau. Leurs formes restent donc immuables une fois installées. Il ne s’agit pas seulement d’éléments décoratifs dans le jardin: il faut les observer sous différents angles pour y voir un symbole, une image. Le talent de l’artiste qui installe la pierre dans le Jardin sec consiste à lui donner une signification, à faire apparaître une représentation. Peut-être y verrez-vous d’ailleurs autre chose que ce que l’artiste avez à l’esprit et c’est tout à fait normal. C’est ce qui fait le charme de l’art ».
Le jardin du temple de Zuihoin dans le monastère est un parfait exemple de Jardin de pierres. Monts et montagnes sont représentés par de grands rochers. Les vagues qui assaillent la terre sont dessinées par le sable blanc. Malgré les vagues violentes contre le rocher, celui-ci trône majestueusement; les vagues ne l’affectent pas, il reste inflexible. Le moine Maida-shōdō nous confie:« voilàce que le jardin japonais nous enseigne et cherche à nous faire ressentir: malgré les épreuves de la vie, notre cœur ne doit pas se laisser affecter par les vagues. On ne doit pas se laisser influencer par le tumulte de nos sociétés. Il nous appartient d’acquérir la force nécessaire pour faire face et rester solide ».
Le Jardin de thé
Conçu pour être parcouru, le Jardin de thé diffère du Jardin sec que l’on contemple immobile depuis un point de vue. Le Jardin de thé est feuillu et très vert. On y déambule parmi les plantes, sur des allées pavées, dans le seul but de se préparer à la méditation qui aura lieu au bout du chemin, dans un pavillon dédié à la cérémonie du thé. L’immersion dans la nature est aussi perçue comme un moyen de purification pour le corps. C’est un rituel qui mène au perfectionnement de soi, tout comme la méditation. Dans le jardin de thé, on se promène vêtu d’un kimono. La longue robe du kimono oblige à ce concentrer sur le parcours pour traverser le jardin jusqu’aupavillon du thé. Tout est codifié, tel une chorégraphie très lente. On avance pas à pas sur chaque dalle. On fait attention là où l’on met les pieds pour ne pas salir son long kimono. Soudain, on s’arrête, on relève la tête. On se surprend à découvrir une bifurcation dans le jardin, une lanterne, une fleur. C’est une technique très sophistiquée de l’architecte paysagiste japonais; un moyen de favoriser l’introspection et de préparer le sujet à la méditation.
À l’entrée du pavillon, le bassin est un élément très symbolique. On s’y agenouille devant humblement et purifie ses mains pour se débarrasser des impuretés du monde extérieur; À ce stade, vous avez déjà trouvé la paix intérieure. En silence, vous êtes prêt à entrer dans le pavillon pour la cérémonie du thé. La raison d’être essentielle du jardin de thé, c’est donc l’aide à la contemplation, m’explique Sato-san. Les Jardins de thé atteindront le sommet de leur popularité à partir du XVIe siècle et vont, au même titre que les Jardin secs, prendre une place grandissante dans les temples zen.
Aujourd’hui, les jardins Japonais ne sont plus conçus par des moines ou des guerriers mais bien par des architectes paysagistes et des artistes qui cassent les codes tout en gardant les techniques traditionnelles, comme celle du ratissage des jardins zen. Ces artistes réussissent à faire une forme de synthèse entre le jardin traditionnel zen des siècles passés et une vision extrêmement contemporaine où le végétal, les fleurs, les érables ou les cerisiers retrouvent une place privilégiée au centre des espaces.
Un coup d’œil sur le bouddhisme zen :
Le zen est l’un des derniers courant bouddhistes arrivés au Japon au XIIe siècle. Jusque-là dominé par le Shintoïsme, les principes fondamentaux du jardin japonais sont les mêmes; le culte de la nature est partagé par les deux courants religieux.
Le courant zen provient de Chine avec peu d’écrits ou de textes de référence. Il prend le nom de Bouddhisme zen et se caractérise par un engagement dans l’action, dans l’effort intérieur. La base du zen, c’est la méditation assise. C’est simplement en méditant l’esprit en éveil, le corps en sommeil et en réalisant un effort intérieur constant que le sujet peut atteindre l’illumination. Le jardin zen se doit d’inviter au lâcher-prise et au calme, à la contemplation.
Dans le temple, le moine nous explique: « pour éveiller la sensibilité et l’esprit, il est important de travailler sa posture chaque jour, de respirer correctement l’oxygène offert par la nature. c’est grâce à la nature qui nous fournit l’oxygène que nous vivons. C’est pour cela que nous construisons des temples et que nous prions chaque jour, par respect au Dieu de la nature. Et c’est en pensant à cela que nous entretenons notre jardin ».
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Espace sélect vous informe:
Espace sélect vous proposera à nouveau ses séjours au Japon dès la reprise et l’ouverture des frontières par les autorités japonaises aux touristes canadiens. À ce jour, le Japon enregistre des statistiques sur la situation sanitaire où le nombre de cas de COVID-19 et de décès sont très limités. Le pays enregistre peu de transmission : seulement 0,05% de sa population. La tendance du Japon est en fait de vouloir se protéger des autres pays. La transmission du virus est aussi moins importante car le Japon est un pays où, culturellement, on a toujours porté le masque, on ne se sert pas la main pour se saluer et on se fait encore moins la bise. Ceci explique qu'à ce jour, le Japon connaisse 3 fois moins de cas qu’au Canada avec une population 4 fois plus nombreuse. Voir les statistiques ICI
À bord des avions et des trains au Japon:
À bord des avions comme des trains, le port du masque est obligatoire pour le moment. Tokyo est à 10 000 km à vol d’oiseaux du Québec. Il faut compter quelques 12 heures d’avion en vol non-stop depuis Montréal jusqu’à Tokyo, puis moins de 3 heures en train ultra-rapide jusqu’à Kyoto. Je vous rassure: les scientifiques comparent les filtres à air des avions nouvelles génération à ceux de nos blocs chirurgicaux. L'air des cabines est ainsi totalement renouvelé toutes les 3 minutes. Les filtres à particules à haute efficacité éliminent plus de 99,97% des bactéries et virus assurant ainsi une excellente qualité de l'air, en conformité avec les normes sanitaires canadiennes et internationales.
Comme la durée du vol le permet, je conseille souvent une escale à Vancouver, histoire de se dérouiller les jambes. Air Canada et All Nippon, une des compagnies japonaises, proposent des vols directs quotidiens depuis Montréal, Toronto et Vancouver. Le service est excellent. All Nippon offre des repas japonaisà tous ses passagers dans toutes les classes et beaucoup d’espace à bord.
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