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Au Japon, la cérémonie du thé se raconte

par Jérôme Klein, spécialiste du Japon certifié par le JNTO



Dès la reprise et l’ouverture des frontières aux touristes canadiens, Espace sélect vous proposera à nouveau ses séjours au Japon. En attendant, ma passion pour ce pays m’incite à vous faire partager l’émotion d’une expérience de voyage.

Aujourd’hui, je vous vous raconte l’histoire de la cérémonie du thé. Ce rituel est imprégné de bouddhisme zen qui a traversé les siècles pour s’imposer comme un élément indissociable de la culture et de la spiritualité nippone. C’est depuis de vertes collines non loin de Kyoto que cet art de vivres singulier s’est répandu. À l’entrée d’une maison de thé, des pierres inégales mettent déjà en éveil l’attention du visiteur. Au Japon, la cérémonie du thé ne consiste pas seulement à boire du matcha, un thé vert réduit en poudre. C’est l’occasion de déployer un art de vivre tout en sobriété et en raffinement.


Mon guide, Mr Urasawa-san, m’explique : « Si vous étiez venu un autre moment de la journée dans cette même pièce, je suis certaine que le thé  aurait été différent car chaque instant est particulier et précieux. Il faut donc savourer le thé quand l’occasion se présente ».

Pour apprécier le rituel de la cérémonie du thé, il faut remonter le temps. L’histoire commence sur les hauteurs de la ville d’Uji. Là, s’étendent des plantations de thé traçant d’incroyables motifs aussi loin que peut porter le regard. Uji et sa région ont toujours été considérées comme la capitale du thé de l’archipel. Ses coteaux escarpés offrent des conditions climatiques idéales mêlant chaleur et humidité. Le thé d’Uji a apporté depuis des siècles renommée et prospérité à la région. Un festival annuel lui est d’ailleurs dédié. Aujourd’hui encore une odeur herbacée flotte dans les ruelles de la ville où l’on déguste du thé vert sous toutes ses formes: des nouilles de sarrasin à la bière pression en passant par les incontournables cornets de glace au thé vert.

Mais retournons quelques siècles en arrière: « au XIIe siècle, des moines japonais sont allés en pèlerinage en Chine. Ils s’écroulaient déjà de fatigue et de sommeil alors que les moines chinois restaient debout et en pleine forme. S’interrogeant sur ce qu’ils buvaient, les moines japonais comprirent qu’il s’agissait de thé et ils en ramenèrent au pays. Ainsi ce répandit le thé dans l’archipel nippon ».

Ce breuvage fut d’abord réservé aux religieux dans les temples et aux moines pour leur séance de méditation. Puis ce fut au tour des guerriers samuraïs d’être séduits, soudainement épris de spiritualité zen. À partir du XIIIe siècle, ces derniers deviennent les maîtres du pays et s’approprient aussi la production de thé. Main dans la main avec les moines, les samuraïs commencent à élaborer les règles qui régissent sa consommation.

Mon guide me raconte: « à l’origine, la consommation du thé au Japon était réservées aux élites. Le peuple n’y avait pas accès. Le matcha était consommé en poudre et il conférait aux classes privilégiées une sorte de statut social et de pouvoir. En cette période de guerre de clans entre les samouraïs pour le contrôle du pays, les cérémonies du thé étaient l’occasion de banquets qui rassemblaient des dizaines de participants. En plus du thé, l’alcool coulait à flots et les samouraïs exhibaient leur pouvoir et leur richesse en étalant leur somptueuse vaisselle de fabrication chinoise. C’était aussi une période de guerre civile et comme il fallait se préserver de ses ennemis même lors des cérémonies de thé, les samouraïs partageaient le même bol entre tous les membres, le passant à la personne suivante et évitant ainsi que le thé soit empoisonné. Ils étaient rassurés et pouvaient savourer le breuvage ».

Au fil du temps, encouragés par les grands seigneurs qui régnaient sur les terres, les cultivateurs d’Uji parviennent à produire un thé de bien meilleure qualité que celui d’abord importé de Chine.


Mr. Urasawa-san s’explique : « au Japon, on protège les plants de théiers du soleil. On ne cueille que de jeunes pousses peu exposées. Elles contiennent ainsi moins de catéchine et de tanin et leurs feuilles ne sont ni âcres ni trop amères. Une fois cueillies, elles sont étuvées à la vapeur puis séchées délicatement avant d’être réduites en poudre fine. Le thé japonais est très parfumé. Son goût se diffuse mieux. Il est doux, léger, avec de l’umami. Il descend agréablement en bouche. C’est ça le vrai matcha. »


On raconte que plus de 400 ans plus tard, quelques artisans perpétuent encore aujourd’hui ce savoir-faire à Kyoto, l’ancienne capitale impériale du Japon. Une ruelle dédiée au bol à thé rappelle l’importance que la ville à joué dans l’essor de la cérémonie du thé. Dans les innombrables boutiques de céramique qui flanquent l’allée, les bols incarnent un tournant

majeur dans la sobriété et l’épure.


« Les bols à thé de style raku sont tout le contraire de la vaisselle chinoise lisse et uniforme dont raffolaient jusque-là les élites japonaises – remarque mon guide. Ils sont fabriqués avec des matériaux bruts, des couleurs sobres, et surtout selon un mode de cuisson étonnant. Plus les pièces cuisent longtemps, plus l’argile se referme sur lui-même. C’est pour cette raison que le potier japonais sort la pièce du four après 5 min, pour qu’elle reste poreuse et que la poudre de matcha puisse même s’infiltrer dans les interstices du bol. C’est précisément ce que Sen no Rikyu recherchait: créer avant tous un bol à thé sobre qui ne soit ni chinois, ni parfait. Son esthétisme voulait que le thé s’infiltre dans l’argile, qu’il la marque et la détériore. C’était une façon de faire prendre conscience à l’homme que même si il n’est pas éternellement jeune, la beauté reste naturelle avant tout ».


En 1868, la révolution Meiji met fin à l’ère des samouraïs. L’archipel nippon s’ouvre sur l’Occident. Les dirigeants voient alors dans la cérémonie du thé un moyen de préserver leur âme japonaise. Ce rituel jusque-là pratiqué par une élite essentiellement masculine se répand dans toutes les couches de la société. La cérémonie du thé est enseignée dans les nouvelles écoles pour femmes, comme gage de bonne moralité.  « Il n’y a pas si longtemps tout ce qui touchait au thé ou à l’arrangement florale faisait partie du domaine réservé de la maîtresse de maison. Elle devait s’occuper des invités et leur préparer milles-et-une choses. Tout ce dont les jeunes femmes avaient la charge obéissait à un rythme lent et à une organisation stricte. Dans sa forme traditionnelle, la cérémonie du thé durait jusqu’à quatre heures. Elle consistait non seulement à boire plusieurs bols de thé mais aussi à déguster une cuisine de saison ».

Aujourd’hui ouverte à tous, elle dure moins de 60 minutes et c’est un symbole partagé par tous, japonais comme touristes; le rituel n’en reste pas moins extrêmement codifié. Il incarne l’essence de la spiritualité japonaise. Bien que la cérémonie du thé soit de nos jours souvent réduite à la dégustation d’une pâtisserie sucrée qui vient adoucir l’amertume du thé, elle est encore effectuée avec une concentration extrême, presque hypnotique et chaque geste incarne des valeurs essentielles au japonais. C’est une expérience conçue comme un moment paisible et unique à vivre dans notre monde tumultueux et éphémère.


Le maître de thé ajoute: « il faut présenter à l’invité la partie avant du bol car c’est la plus jolie. Disons qu’il s’agit là d’une preuve de respect et de considération. L’hôte, quant à lui, est supposé vous retourner cette marque d’humilité en retournant à nouveau le bol avant de boire le thé ».


Ainsi, de pratique religieuse à l’origine, la cérémonie du thé est ensuite devenue un instrument de pouvoir pour les guerriers samouraïs avant de s’étendre à toute la société et notamment aux femmes. En fait, la cérémonie du thé ne fait pas que refléter l’histoire du Japon : en apportant la spiritualité du zen dans le monde profane, elle a aussi contribué à façonner l’identité et l’esthétique traditionnelle japonaise pour qu’elles rayonnent dans le monde entier. 

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Le Japon est à 10 000 km à vol d’oiseaux du Québec. Il faut compter quelques 12 heures d’avion en vol non-stop depuis Montréal. Nos compagnies partenaires Air Canada, All Nippon et Japan Airlines deservent le Japon à partir de Montréal, Toronto et Vancouver. All Nippon Airways (ANA) et Japan airlines offrent aussi des repas japonais à tous les passagers dans toutes les classes et beaucoup d’espace à bord. Comme la durée du vol le permet, je conseille souvent une escale à Vancouver pour se dérouiller les jambes.

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